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Episode 2: Quelle école aujourd'hui ?

Une école en décalage avec son temps. Une constatation.

L’école est trop souvent en décalage avec son temps, avec les attentes des jeunes. Elle est trop souvent pensée comme une nécessité, un devoir, une peine, un passage obligé pour atteindre à la compétence, à l’aptitude, à la vie professionnelle, à un éventuel bonheur futur, lointain et hypothétique !
L’école ne se préoccupe que trop peu de la personnalité de chaque élève. Elle ne sert que trop souvent à formater les individus en les traitant collectivement, comme on le ferait de foules, de meutes, de troupeaux …

Révolutions - évolutions sociétales … et l’école ?

  • Non seulement le monde a toujours évolué plus vite que l’école mais une accélération évidente au cours de ces dernières années rend ce décalage de plus en plus difficile à accepter de la part de tous : élèves, enseignants, parents.

Si l’école a été rendue obligatoire (en France) à la fin du XIX ème siècle c’était une obligation pour les parents qui pouvaient ressentir le départ de leurs enfants à l’école comme une perte de « main d’œuvre à disposition » en particulier dans le monde agricole, une perte de revenus complémentaire pour la famille du fait que les enfants très jeunes travaillaient. Aujourd’hui, c’est devenu une obligation pour les élèves, comme l’atteste Idriss Aberkane (spécialiste des neurosciences) au cours d’une présentation sur le thème « pour libérer votre cerveau à l’école et au travail »

En France, les lois Jules Ferry sont une série de lois sur l'école primaire votées en 1881-1882 sous la Troisième République, qui rendent l'école gratuite (1881), l’instruction obligatoire et l’enseignement public laïc (1882).

http://tnhistoirexix.tableau-noir.net/travailenfant.html

Depuis, bien des choses se sont produites. Des pédagogues et des chercheurs ont transformé l’école petit à petit et certains mouvements pédagogiques et éducatifs ont proposé de nouvelles philosophies de l’éducation, de nouvelles pratiques de l’enseignement bien différentes de celles mises en place à la fin du XIX ème siècle.

Tout récemment, les technologies numériques et de communication ont radicalement changé le rapport à l’information, à la connaissance et aux savoirs. Il s’agit véritablement d’une révolution.

« Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, tout aussi décisive, s’accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises.

De l’essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise «Petite Poucette» - clin d’oeil à la maestria avec laquelle les messages fusent de ses pouces. Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… Débute une nouvelle ère qui verra la victoire de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées ; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d’une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique… »(Michel Serres « Petite poucette » Edition Le Pommier, collection Essai-Manifestes)

Elles entraînent des évolutions, des innovations qui peuvent bouleverser les sociétés, pour le meilleur et pour le pire.

" Ne croyez surtout pas qu’il s’agisse de science-fiction : 18 avril 2015, une équipe de généticiens chinois entreprenait d'“améliorer' le génome de quatre-vingt-trois embryons humains. Jusqu’où ira-t-on dans cette voie ? Sera-t-il possible un jour (bientôt ? déjà ?) d'“augmenter' à volonté tel ou tel trait de caractère de ses enfants, d’éradiquer dans l’embryon les maladies génétiques, voire d’enrayer la vieillesse et la mort en façonnant une nouvelle espèce d’humains “augmentés' ? Nous n’en sommes pas (tout à fait) là, mais de nombreux centres de recherche “transhumanistes' y travaillent partout dans le monde, avec des financements colossaux en provenance de géants du Web tel Google. Les progrès des technosciences sont d’une rapidité inimaginable, ils échappent encore à toute régulation. En parallèle, cette “infrastructure du monde' qu’est le Web a permis l’apparition d’une économie dite “collaborative', celle que symbolisent des applications comme Uber, Airbnb ou BlaBlaCar. Selon l’idéologue Jeremy Rifkin, elles annoncent la fin du capitalisme au profit d’un monde de gratuité et de souci de l’autre. N’est-ce pas, tout à l’inverse, vers un hyperlibéralisme, vénal et dérégulateur, que nous nous dirigeons ? Certaines perspectives ouvertes par les innovations technoscientifiques sont enthousiasmantes, d’autres effrayantes. Ce livre cherche d’abord à les faire comprendre, et à réhabiliter l’idéal philosophique de la régulation, une notion désormais vitale, tant du côté de la médecine que de l’économie. " (Luc FERRY « La révolution transhumaniste - Plon)

  • L’école dite « traditionnelle » ne répond plus aux attentes de la société - et de quelle société parle-t-on puisque les évolutions technologiques sont en train de la transfigurer radicalement?

Alors que la société attend maintenant des jeunes adultes créatifs, flexibles, capables de faire face à de nombreux problèmes nouveaux en permanence, capables de travailler en équipe, capables de partager la connaissance avec un très grand nombre d’autres à travers le monde entier, l’école continue à encourager et privilégier le travail individuel, l’apprentissage par cœur, la compétition (au lieu du défi), l’aptitude à se conformer à des standards établis, une vision ethnocentriste du monde.

Il ne faut pas oublier qu’elle a été pensée pour servir l’industrialisation et qu’elle est calquée sur le modèle des usines et du travail à la chaine.

  • L’école traditionnelle ne correspond plus aux attentes des élèves. Elle ne correspond plus non plus aux attentes de bien des enseignants.
  • Elle ne motive que très rarement les apprenants – et démotive de facto leurs enseignants.
  • Il semble indispensable et urgent de se poser un certain nombre de questions :
    • Quelle école faut-il offrir aujourd’hui aux apprenants ?
    • Quels enfants faut-il offrir aujourd’hui au monde de demain ?
    • Quelles valeurs faut-il cultiver pour un monde meilleur – individuellement et collectivement ?

Prochain épisode “Les programmes scolaires officiels sont-ils incontournables ? “ le 15.07.2019