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Histoire de l'éducation

Des origines à nos jours

Introduction

Les événements historiques et les contextes socio-économiques ont influencé aussi bien les contenus enseignés, la relation maître-élève, la place de la discipline et de l’autorité par rapport à la place de l’apprenant et sa participation plus ou moins active dans le processus d’apprentissage.

Nous analysons les caractéristiques marquantes des différentes époques en termes de contenus enseignés, enseignants, méthodes d’enseignement, spécificités et acteurs clés.

Par Mélie Genet


L’éducation primitive de la préhistoire : une éducation naturelle qui dure toute la vie

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Contenus enseignés : C’est une éducation surtout pratique. On apprend la manipulation des outils, la chasse, la cueillette, la pêche, l’art de cultiver ou de tenir la maison. Les activités sont déterminées par les tendances individuelles et les nécessités sociales.

Enseignants : Les adultes servent d’exemple.

Méthodes d’enseignement : Observation et imitation, jeux, cérémonies initiatiques, participation directe à la vie collective.

Organisation de l’école : La nature fait office de salle de classe.

Spécificités : Il s’agit d’une éducation naturelle dégagée de toute contrainte et qui dure tout au long de la vie. Elle conforme fortement l’individu à son groupe et son spectre est plus large que l’éducation actuelle.


Pour en savoir plus :

  • Vial Jean, «L’éducation « primitive » », Histoire de l’éducation, Paris, Presses Universitaires de France , «Que sais-je ?», 2009.

  • Mialaret G., et Vial J., (sous la direction de), “Histoire Mondiale de l’éducation” 4 volumes, Paris, PUF, 1981.

  • Histoire de l’humanité, Unesco Volume I - De La Préhistoire Aux Débuts de La Civilisation, Publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Paris et Routledge, Londres, 2000.


L’éducation dans l’antiquité : une éducation destinée à perpétuer des systèmes sociaux

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Contenus enseignés :

Dans l’ancienne Égypte : Il s’agit d’une société de castes héritées de père en fils. Le « peuple » bénéficie d’une éducation professionnelle pratique à laquelle s’ajoutent des notions de lecture et écriture du hiératique (écriture de l’administration), calcul simple et géométrie. Seuls les fils de prêtres, architectes, médecins et scribes apprennent les hiéroglyphes, bénéficient d’une formation approfondie dans les domaines de la religion, les lois, l’astronomie, les mathématiques, la mécanique et la médecine.

Dans l’Inde ancienne : Il s’agit là aussi d’une société de castes hiérarchisées qui va des parias jusqu’aux brahmanes. Seuls les brahmanes peuvent accéder aux études supérieures. Cette éducation supérieure s’appuie sur les livres sacrés rédigés en sanskrit. Elle comprend la grammaire, la littérature, les lois, l’astronomie, la médecine et les mathématiques.

En Perse : L’éducation est étatique, militaire et morale.

Dans la Chine ancienne : Pour les rares étudiants parvenant à accéder à l’académie impériale, on y apprend la littérature, l’histoire dynastique, l’arithmétique et la rhétorique.

Enseignants :

Ancienne Égypte : L’éducation est en principe la responsabilité du père de famille. Le perfectionnement professionnel se fait de manière corporative. La «haute éducation» demeure le fait des prêtres.

Inde ancienne : L’éducation élémentaire et professionnelle est prodiguée par la famille pour les castes intermédiaires. L’éducation supérieure est dispensée de maître à élève.

Méthodes d’enseignement :

Ancienne Égypte : Mémoire et imitation, plus rarement le jeu.

Inde ancienne : Mémorisation « par coeur » pour s’imprégner de l’esprit des sages.

Perse : On forme le caractère par la pratique et l’exemple.

Chine ancienne : Culture de la mémoire et vénération des livres.

Organisation de l’école :

Egypte ancienne : Seuls les fils des élites vont à l’école. On distingue « l’ât sebay.t » (l’école) et le _per ânkh _(«la maison de vie » - véritable pôle de savoir pour la formation supérieure).

Inde ancienne : Aucune éducation n’est prévue pour les filles. Des collèges sanskrits ou musulmans ainsi que des écoles élémentaires se développent mais très peu d’enfants y accèdent.

Chine ancienne : L’enfant peut aller à l’école dès dix ans mais il est très difficile de poursuivre dans cette voie car il faut maîtriser une langue éminemment complexe. Pour accéder à l’académie impériale l’étudiant doit passer de très nombreux examens de plus en plus compliqués.

Spécificités :

Ancienne Égypte : Il s’agit d’une éducation totalitaire ayant recourt à la punition corporelle, très fortement conformiste.

Inde ancienne : L’éducation cultive les qualités passives et contemplatives, avec une méprise des choses terrestres et du corps.

Chine ancienne : C’est une éducation élitiste méprisant les activités manuelles, dévouée à développer une société statique. Originalité, initiative et liberté sont dédaignées.

Figures et concepts clés :

En Chine : les grands philosophes Lao Tseu (Les mauvais souverains laissent le peuple dans l’ignorance pour mieux le gouverner) et ConfuciusApprendre sans réfléchir est peine perdue et réfléchir sans apprendre est dangereux »).


Pour en savoir plus :

Confucius selon Wikipedia


L’éducation dans les courants judéo-chrétien et gréco-romains : de l’éducation familiale à l’esclave pédagogue

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Contenus enseignés :

Chez les Hébreux : L’éducation est initialement confiée à la famille et porte sur la lecture, l’écriture et l’histoire du peuple de dieu. Elle se fait sur la base du texte sacré. Les mathématiques, l’astronomie, la littérature et la géographie sont enseignées au degré supérieur.

A Sparte : L’Éducation spartiate vise à former des soldats braves, vigoureux et attachés à leur patrie. Elle consiste en des entraînements à la chasse et à des exercices physiques et militaires.

A Athènes : En fonction des inégalités sociales, le degré d’instruction n’est pas le même. Un fils d’artisan doit se contenter de connaissances en lecture, écriture et calcul. Les plus riches reçoivent une éducation complète pour en faire de vrais citoyens. L’éducation vise à engendrer l’harmonie du corps, de l’art et de la pensée.

L’éducation romaine : Elle est militaire, patriotique et utilitaire : lecture, écriture, calcul, entraînement militaire, et bien sûr dévouement à la patrie. La grammaire et la rhétorique se font par la suite de plus en plus présentes à l’école.

Enseignants :

Chez les Hébreux : Les maîtres sont bien considérés car le Talmud les place au-dessus du père.

A Athènes : Jusqu’à cinq ou six ans les enfants sont éduqués par les femmes. Dès sept ans les enfants sont confiés à un esclave pédagogue, ou conducteur d’enfants. L’esclave accompagne l’enfant à ses leçons et veille sur son comportement. Le grammairien apprend la lecture, l’écriture, la mythologie, le calcul, puis le dessin et la géométrie. Le cithariste enseigne la musique et le palèstre la gymnastique.

A Rome : L’éducation militaire et religieuse se donne dans la famille. Dès douze ans le grammaticus fait étudier la langue et la littérature en grec puis en latin. Dès dix-sept ans le rhéteur prépare à l’éloquence.

Méthodes d’enseignement :

Chez les Hébreux : On étudie le texte sacré, l’enseignement est basé sur la discipline, les cérémonies, la musique et la danse.

A Sparte : Les coups et la souffrance visent à endurcir.

A Athènes : On apprend par coeur des phrases d’Ésope ou des morceaux tirés d'Homère. Cérémonies, danse, chants, théâtre, jeux et défilés font aussi partie de l’éducation.

A Rome : Discipline, respect de le force et de l’imitation.

Organisation de l’école :

Chez les Hébreux : Les enfants pauvres aident leurs parents dans leurs travaux et les filles aux tâches ménagères. La haute instruction est donnée par les prêtres et les scribes dans les écoles des prophètes. Les premières écoles élémentaires et le concept d’école gratuite et obligatoire apparaissent.

A Athènes : Les écoles de grammaire et de musique sont des institutions privées où la concurrence règne entre les maîtres. Les écoles des Rhéteurs et des Sophistes enseignent l’éloquence et la philosophie.

A Rome : Les plus riches font appel à un esclave précepteur puis à des écoles privées.

Spécificités :

A Sparte : les filles reçoivent une éducation similaire à celle des garçons. L’éducation vise à mettre l’individu au service de la communauté. Les enfants appartiennent à l’État.

A Athènes : L’éducation vise à donner aussi bien le sens de l’ordre et de la beauté. L’apprentissage professionnel est sommaire car les besoins matériels sont assurés par un grand nombre d’esclave. Le travail manuel est méprisé. Seules les filles de condition supérieure apprennent à lire et écrire.

A Rome : Les filles se contentent de la formation familiale. Le grec est abandonné progressivement au profit du latin.

Figures et concepts clés : L'éducation militaire spartiate, l'esclave pédagogue de la Grèce Antique, le Sophisme, l’art de la Rhétorique.


Pour en savoir plus :


L’éducation au Moyen-Âge : une éducation au croisement des savoirs anciens et populaires et en proie à des forces opposées, celles du guerrier et de la charité du chrétien

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Contenus enseignés :

L’École du Palais de Charlemagne est de tradition classique, dans la lignée du système gréco-romain.

Dans les écoles épiscopales (écoles primaires pour toutes les classes de la société), on apprend les bases de la lecture, de l’écriture, à compter avec des jetons et des notions de latin.

Dans les écoles collégiales, on apprend le latin, la poésie, les sciences, l’éloquence, le droit.

L’Éducation de la Chevalerie, créée à la suite des croisades, est inspirée des musulmans et des perses. Elle comprend une éducation physique, au chant, à la musique et aux bonnes manières. L’honneur y tient une place particulièrement importante.

A l’université s’enseignent les Sept Arts Libéraux : le trivium (grammaire, rhétorique, logique) et le quadrivium (musique, géométrie, astronomie).

Les corporations offrent une éducation professionnelle et morale.

Enseignants :

Alcuin d’York, directeur de l’École du Palais, fait venir des maîtres de Rome pour enseigner la grammaire, la musique et l’arithmétique.

Les écoles épiscopales sont sous la responsabilité de l’Évêque, c’est pourquoi dans chaque cathédrale se trouve un maître gratuit.

Les grammairiens se chargent de l’enseignement dans les écoles collégiales.

La famille conserve ses fonctions d’enseignements des tâches domestiques. Les tâches professionnelles étaient assurées par des institutions spécifiques : les corporations.

Méthodes d’enseignement :

Dans les écoles épiscopales, on fait la lecture des textes sacrés en employant une méthode “globale” avec des phrases entières.

Dans les écoles collégiales, l’enseignement se fait sous forme magistrale, c’est à dire par le commentaire de livres. Les cours ordinaires pendant lesquels le professeur expose le sujet ont lieu le matin. L’après-midi est utilisé afin de répondre aux questions et de faire répéter la matière. Une fois par semaine a lieu une discussion pendant laquelle on débat ouvertement (le « quod libet »). Les cours se donnent aussi bien dans une écurie que dans la maison du professeur.

Dans les corporations, le secret est bien gardé et l’enseignement surtout pratique. Il se base avant tout sur l’imitation. De manière générale, il s’agit d’un enseignement avant tout verbal et encyclopédique. L’enseignement et formel et se fonde sur la connaissance des textes qui font autorité et la logique déductive ou dialectique.

Organisation de l’école :

Les écoles épiscopales font la transition entre les écoles de grammaire romaines et les institutions du Moyen-âge. Charlemagne encourage les monastères à fonder des écoles et exige une meilleure formation pour le clergé. Les monastères contiennent des bibliothèques sacrées et profanes. On y recherche la vérité à partir des textes.

Les grandes universités européennes se développent. Elles sont cristallisées autour de la faculté de théologie et autorisées par le souverain ou la pape.

La formation a lieu en des milieux différents en fonction que l’on se trouve en ville (corporations professionnelles), à la campagne (éducation familiale), dans un milieu scolaire ou universitaire, dans le monde religieux des monastères ou dans le milieu de la noblesse et de la chevalerie.

Dès quatorze ans, les écoliers peuvent entrer à la faculté des arts (qui enseigne la grammaire, la logique d’Aristote, la rhétorique) et les études peuvent durer très longtemps. Le choix du maître est libre.

Spécificités :

Le christianisme triomphant finit par adopter le système que lui léguait l’antiquité en l’adaptant pour servir la foi chrétienne. On ajoute à l’éducation ancienne les écritures et le chant des psaumes. Les invasions barbares menacent au VIe siècle la civilisation et les monastères sont le dernier refuge de la culture. Après l’obscurantisme amené par les invasions, la période carolingienne est une renaissance de l’éducation. L’idéal courtois contribue à humaniser les rapports sociaux et le respect envers les femmes évolue. L’éducation sentimentale se développe et l’art d’aimer prend de l’importance. Les disciplines sont mises au service de la théologie et l’emploi de la logique sert de méthodologie pour fonder une philosophie rationnelle de la doctrine de l’église. La pédagogie intervient dans la formation de l’homme pour Dieu.

Figures et concepts clés :

Charlemagne, Alcuin d’York, L'Education de la Chevalerie, la logique Aristotélicienne, la Scolastique, le Syllogisme.


Pour en savoir plus :


La Renaissance de l’éducation : un apprentissage encyclopédique et humaniste

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Contenus enseignés :

La Réforme remet à jour une partie des enseignements de l’Antiquité laissée de côté au Moyen-âge : sciences de la nature, soif de connaissances encyclopédiques, développement personnel. On étudie le grec et le latin de manière à pouvoir lire tous les manuscrits. On lit les vulgarisateurs aussi bien que les Anciens : la curiosité est universelle.

Rabelais trace un programme qui comprend le corps et l’esprit, les connaissances pratiques et théoriques, les métiers et techniques nouvelles, les langues anciennes, le droit et la morale. Le pur latin des écrivains classiques est restauré.

Ignace de Loyola fonde les collèges jésuites qui offrent une éducation gratuite mais élitiste, visant à former de bons soldats du catholicisme et à permettre aux fils de la bourgeoise d’accéder aux fonctions les plus élevées. L’enseignement jésuite repose sur une large culture générale : les cours ont lieu en latin et couvrent des matières comme la grammaire, l’humanité, la rhétorique, la philosophie et la théologie. Le théâtre est utilisé à des fins d’enseignement moral.

Enseignants : Dans les collèges jésuites, les enseignants vivent avec les élèves.

Méthodes d’enseignement :

Les manuels scolaires deviennent accessibles aux élèves grâce à l’invention de l’imprimerie.

Erasme préconise une organisation de l’école en huit cours magistraux. Rabelais et Montaigne prônent l’apprentissage par l’expérience de vie pratique. Montaigne condamne même l’instruction livresque et le souci excessif de la forme dans l’apprentissage des langues anciennes.

Les jésuites utilisent tout un système de récitation et des révisions constantes. Des joutes d’éloquence et des concours servent à émuler les étudiants.

Organisation de l’école :

Les universités déclinent et les collèges trilingues apparaissent (hébreu, grec, latin).

Luther défend le droit des enfants à aller à l’école tous les jours et organise les écoles de Saxe et de Thuringe. L’état prend en charge l’éducation dans certaines provinces allemandes alors que l’église créée les Public schools en Angleterre.

Spécificités :

Les échanges économiques sur un plan planétaire permettent un élargissement de la culture. Les langues et les littératures nationales se développent. Les jésuites et les protestants se font concurrence en matière d’éducation. C’est l’âge de l’humanisme : l’homme prend de l’importance en fonction de lui-même plus que par son essence divine. Le principe de l’éducation autoritaire des collèges jésuites tient compte de la psychologie des jeunes. On cherche à agir par « l’affection et l’ascendant moral ». Cette doctrine va s’imposer pendant deux siècles.

Figures et concepts clés :

L’encyclopédisme des humanistes de la renaissance, Rabelais, Erasme, Montaigne, Luther, Calvin, Ignace de Loyola.


Pour en savoir plus :


Le 17e et le 18e siècle : de la caricature du génie grec à l’humanisme scientifique

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Contenus enseignés :

Dans les écoles élémentaires : On y fait un apprentissage rudimentaire : lecture, écriture, calcul et chant.

Les frères de la doctrine chrétienne : Cette congrégation formée à Reims permet aux garçons pauvres d’apprendre un métier. Le français y est introduit.

Dans les écoles de Port-Royal : Ces écoles créées par le courant religieux de jansénistes font figure d’exemple. Un enseignement de haute qualité est donné en français, on apprend l’ouverture vers la philosophie cartésienne et la logique.

Dans les écoles secondaires : Le latin prime sur le français. Seuls les collèges des Oratoriens suivent les recommandations de Descartes et Coménius et font une grande place au français, à l’histoire, la géographie et les sciences. Il faut attendre la deuxième partie du 18e siècle pour qu’un cours de littérature française soit ajouté à la rhétorique.

_Dans les universités _: L’éducation s’en tient à la logique aristotélicienne de l’Antiquité et condamne Descartes. Les universités se développent peu contrairement aux collèges et académies. Une formation littéraire générale est finalement introduite à la fin du 18e siècle ainsi que des rudiments de sciences.

L’éducation des filles : Fénelon (Le Couvent des Nouvelles catholiques) et Madame de Maintenon (La Maison de Saint-Cyr) se préoccupent de l’éducation des filles. Les matières enseignées comprennent la lecture, l’écriture, la grammaire, l’histoire, la littérature et les arts.

Les écoles centrales : Après la révolution un décret établit les écoles centrales. Le programme couvre les mathématiques, la physique, les sciences expérimentales, morales et sociales.

Enseignants :

_Dans les écoles élémentaires _: Les enseignants sont recrutés par les habitants ou le curé. Ils sont souvent médiocrement instruits, mal rétribués et bénéficient d’un statut très précaire.

Les frères de la doctrine chrétienne : Jean-Baptiste de la Salle ouvre un séminaire pour former les maîtres d’écoles ainsi qu’une école de pratique.

L’idée d’une école normale de formation des maîtres apparaît bien que le premier projet ne dure que quelques mois.

Méthodes d’enseignement :

Dans les écoles élémentaires : Les élèves sont répartis en groupes de niveau. Durant le catéchisme on apprend par coeur par le système question-réponse.

Dans les écoles de Port-Royal : Les méthodes pédagogiques sont novatrices et la psychologie spécifique de l’enfant est reconnue. Le jeu est utilisé comme instrument d’apprentissage. On préfère l’oral aux livres et le jugement au savoir encyclopédique.

Les frères de la doctrine chrétienne : Leurs principes d’enseignements consistent à connaître bien leurs élèves, individualiser l’enseignement, offrir une éducation pratique pour la vie, faire participer les enfants à la vie de l’école et proposer une pédagogie différentielle.

Rousseau préconise dans L’Emile (1762) une pédagogie active qui va fonder la pédagogie moderne et inspirer de nombreux pédagogues tels que Kant, Basedow ou Pestalozzi.

Organisation de l’école :

Les petites écoles de la charité : Un enseignement rudimentaire est fourni au peuple dans des maisons de fortune autour des paroisses. L’instituteur est payé par des institutions de bienfaisance ou un particulier. Les écoles sont plus nombreuses dans le nord que dans le sud de la France, et de meilleure qualité dans les villes.

Les petites écoles de Port Royal : Elles sont créées par les religieux jansénistes et dispersées par Louis XIV.

Les frères de la doctrine chrétienne : Ces écoles sont dédiées aux fils des classes laborieuses.

Les écoles primaires après la révolution : Condorcet précise à la fin du 18e les 3 niveaux d’apprentissage : Le premier correspond à l’instruction commune générale, le deuxième niveau précise les compétences professionnelles, le troisième est scientifique. La Loi Lakanal de 1794 assigne aux instituteurs payés par l’état la fonction d’enseigner dans les écoles primaires mais cette gratuité sera finalement supprimée. Dès 1795 on compte une école primaire par canton.

Les écoles secondaires : Elles sont limitées aux privilégiés.

Les écoles techniques : les écoles militaires se chargent de l’enseignement technique et se développent à la fin du 18e.

Les grandes écoles se développent (Centrale, polytechnique, Ecole Normale Supérieure…).

Spécificités : Les filles du peuple ne sont pas scolarisées avant le 17e siècle. A ce moment ce sera les ordres religieux qui vont ouvrir des écoles pour les filles.

Trois courants vont fortement contribuer à faire changer les traditions : la philosophie de Locke (le savoir ne procède que des perceptions et l’éducation doit se fonder sur la curiosité), Rousseau (l’éducation ne peut être efficace que si elle repose sur la nature de l’enfant), les Encyclopédistes (élaboration d’un humanisme technique qui rend leur dignité aux savoir-faire manuels et techniques). Après la révolution, l’éducation se nationalise. L’éducation vise alors à former un « citoyen éclairé ».

Figures et concepts clés :

Les frères de la doctrine chrétienne de Jean-Baptiste La Salle, Descartes, Coménius, l’Oratoire, Madame de Maintenon, La Chalotais, Locke, Rousseau, Kant, les Encyclopédistes, Diderot, Condorcet, Fourcroy.


Pour en savoir plus :


Le 19e siècle et le début du 20e siècle : de la poussée démocratique à l’effervescence des réflexions pédagogiques

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Contenus enseignés :

Les programmes scolaires sont étendus à la fin du 19e pour inclure les sciences physiques et naturelles, l’histoire et la géographie (lois Guizot et Duruy).

L'enseignement secondaire moderne comprenant des langues vivantes et des sciences appliquées est organisé en 1847. Cinq ans plus tard s’organise une bifurcation entre deux filières conduisant à un baccalauréat classique et moderne. L'enseignement secondaire spécial comprenant les langues vivantes, la législation commerciale et les sciences mathématiques est légalisé en 1865.

Enseignants :

Une première école normale primaire de formation des maîtres est créée en 1810. 73 écoles normales existent en 1835. Les maîtres deviennent légalement des fonctionnaires payés par l’état en 1889.

Un quart des enseignants mobilisés pendant la première guerre mondiale ne reviendra pas ce qui conduit à une forte féminisation du personnel enseignant.

Méthodes d’enseignement :

En France :

Le préceptorat décline et devient le fait des familles aisées méfiantes vis-à-vis de l’école

L’enseignement mutuel, introduit par la _Société pour l’enseignement élémentaire,_se développe en tant que moyen d’enseignement. Il suppose la participation pédagogique directe des enfants en avance d’une leçon sur les autres. Il permet une alphabétisation rapide mais reste superficiel et demande une mécanisation excessive des leçons.

L’enseignement simultané se généralise et remplace l’enseignement mutuel après 1840. Il permet d’occuper entre vingt et cinquante élèves simultanément. Il suppose de rassembler les élèves en classes de niveau homogène. La durée de la scolarisation obligatoire est augmentée et l’illettrisme diminue.

A L’étranger :

De nombreux pédagogues vont avoir une influence déterminante sur le milieu éducatif : Pestalozzi, Owen, Froebel, Maria Montessori, Decroly, Freinet, Makarenko, André Bell, J. Lancaster, Dewey, Steiner.

En Suisse :

Le pédagogue Adolphe Ferrière et le psychologue Edouard Claparède créént en 1912 l’Institut Jean-Jacques Rousseau. Adolphe Ferrière crée en 1921 la Ligue internationale pour l’éducation nouvelle. L’Education nouvelle s’inspire la pédagogie de Dewey : l’enfant est actif et social. Les congrès de cette ligue permettent jusqu’à la seconde guerre mondiale des rencontres de nombreux pédagogues dont Maria Montessori, Célestin Freinet, Gisèle de Failly, Roger Cousinet, Édouard Claparède. Jean Piaget travaille sur les processus cognitifs des enfants et élabore le concept de pédagogie socio-constructiviste.

Organisation de l’école :

_En France : L'enseignement primaire est étendu. Un Ministère de l’Education publique est créé en 1823. La première crèche est créée en 1828 par Madame de Pastoret. La première des S_alles d’asiles est fondée en 1825. Ce sont des institutions éducatives s’adressant aux jeunes enfants qui deviendront en 1833 les écoles maternelles.

En 1848 le nombre d’école passe à 63 000, ce qui requiert une intervention étatique toujours plus importante et conduit à la laïcisation de l’école. Les lois Jules Ferry et Paul Bert organisent l’école primaire dans sa forme moderne. Les principes de l’éducation obligatoire et laïque sont dressés et mis en pratique sous la IIIe République.

L'enseignement secondaire se développe fortement après 1879. En 1850 le droit d’ouvrir librement une école privée est inscrit dans la Constitution. La loi Camille Sée de 1880 institue l’enseignement secondaire féminin. Au début du 20e siècle l’enseignement secondaire féminin et masculin sont assimilés. Autour de 1830 la gratuité de l’école est établie jusqu’en 4e puis généralisée dans le secondaire. A la libération l’idée d’une école unique apparaît incontournable.

L’éducation professionnelle et technique se développe. D’abord les écoles pratiques privées, puis les écoles d’Arts et Métiers et enfin les écoles pratiques de commerce et d’industrie. Les cours du soir pour ouvriers se multiplient. La loi Astier donne un statut à l’enseignement technique.

Les formations post-scolaires se mettent en place face au constat que l’éducation est l’oeuvre de toute une vie.

L'Enseignement supérieur est restructuré et complété par les facultés de droit, médecine, laboratoires et conservatoires. La deuxième guerre mondiale pousse la collaboration scientifique et le Centre National de Recherche Scientifique et créé en 1944.

Spécificités :

La deuxième révolution française de 1848 fait avancer les idées démocratiques qui tendent vers une instruction élémentaire plus longue et si possible gratuite. A la fin de la première guerre mondiale, de nombreuses réflexions pédagogiques vont émerger, notamment grâce aux Compagnons de l’Ecole nouvelle et la querelle de l’école unique. La gratuité de l’école secondaire, la prolongation de la scolarité obligatoire à quatorze ans, une ébauche d’orientation professionnelle constituent des progrès fondamentaux. L’enseignement reste cependant marqué par l’origine sociale, réservé à une petite partie de la jeunesse et insuffisamment uni pour fournir une véritable orientation.

Figures et concepts clés :

_L’Enseignement mutuel, L’Education Nouvelle, La Pédagogie active, la Pédagogie Montessori, la Pédagogie Steiner-Waldorf, la Pédagogie de groupe, la Pédagogie socio-constructiviste, _Madame de Pastoret, Jules Ferry, Paul Bert, Pestalozzi, Owen, Froebel, Maria Montessori, Decroly, Freinet, Makarenko, André Bell, J. Lancaster, Dewey, Adolphe Ferrière, Gisèle de Failly, Roger Cousinet, Édouard Claparède.


Pour en savoir plus :


La deuxième partie du 20e siècle

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( I, Clio GFDL, CC-BY-SA-3.0 or CC BY 2.5], via Wikimedia Commons )

Contenus enseignés :

En France : En mai 1968, une protestation véhémente naît de la faculté de Nanterre. Les “Enragés” réclament l’indépendance de l’enseignement vis-à-vis des pouvoirs politiques, l’égalité des droits d’accès à la plus haute culture, la cogestion. Des barricades et grêves générales s’en suivent. Edgard Faure présente le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur le 24 juillet 1968. Il est approuvé par quasi-unanimité et se base sur l’autonomie et la participation. L’université doit répondre à la vie moderne, transmettre des connaissances exactes, être ouverte à tous, assurer à tous le meilleur choix de profession. Les franchises universitaires garantissent la liberté d’information et de formation. Après 1991 les langues vivantes deviennent obligatoires, la cogestion d’organise, des nouveaux contenus alliant rigueur scientifique et créativité sont mis en place.

Aux Etats-Unis : La guerre froide maintient la priorité d’un enseignement technique et s’éloigne des conceptions socialisantes de Dewey. Des nouvelles techniques émergent comme la télé-audiovision, l’enseignement programmé selon les concepts de Skinner, l’enseignement assisté par ordinateur.

Au Japon : Les manuels d’histoire nationalistes font leur retour en 1947. Il faut attendre 1993 pour que les manuels scolaires respectant davantage la vérité historique soient rétablis.

Enseignants :

En France, l’intérêt pour la formation des enseignants va grandissant. En mars 1968, le Colloque d’Amiens de l’Enseignement supérieur alerte l’opinion sur la nécessité de repenser les valeurs et les méthodes d’enseignement. La commission de formation des maîtres trace un nouveau programme qui sert au plan de Faure. La licence et la maîtrise en sciences de l’éducation sont mises en place. Les écoles normales sont réformées et les instituts de formation des maîtres, ouverts aux étudiants bac +3 sont créés.

Méthodes d’enseignement :

La pédagogie emprunte des notions à la psychologie. Clifford Mayes met en théorie une pédagogie archétypale fondée sur la psychologie analytique développée par Carl-Gustav Jung dès 1956.

En France, la Pédagogie Institutionnelle développée par Célestin Freinet, Fernand Oury et _Aïda Vasquez, _donne la place aux élèves dans l’organisation de la classe. Elle ne parvient pas à s’intégrer dans l’éducation nationale qui peine à faire place à l’innovation pédagogique.

Une plus grande attention est accordée aux enfants en difficultés : étrangers ou handicapés (pédagogie de soutien, groupes d’actions psychopédagogiques, création des zones d’actions prioritaires). Entre les années soixante et quatre-vingt les psychologues, psychanalystes et pédopsychiatres tels que Winnicott et Dolto mettent en question la rigidité de la puériculture et le petit enfant prend de l’intérêt sur le plan de l’éducation.

Hors de l’école, les mouvements de jeunes proposent des activités : le scoutisme et autres mouvements laïcs se développent et se chargent de la formation physique, morale et artistique de la jeunesse. Les Centres d’éducation aux méthodes actives (C.E.M.E.A.) forment des animateurs en s’inspirant des pédagogues.

Organisation de l’école :

En France : Le monopole de l’Etat sur les écoles s’organise. Les réformes se succèdent. La scolarité obligatoire est prolongée jusqu’à 16 ans. En 1959, le Général de Gaulle définit les études secondaires : un premier cycle de 11 à 15 ans, le collège d’enseignement secondaire, ouvert à tous, est consacré à la connaissance et l’orientation. Vers 1967 l’urgence d’un changement se fait sentir : insuffisance d’accueil des structures, forte croissance démographique, élitisme et impuissance du système à préparer la jeunesse au travail.

Les établissements d’accueil de la petite enfance se diversifient (haltes-jeu, maison d’assistantes maternelles). Les écoles maternelles se développent. Le programme de l’école élémentaire est modifié : allègement des programmes, tiers-temps pédagogique. Le baccalauréat est mieux équilibré, l’orientation s’organise.

Les ministères et les réformes se succèdent. La formation technique est réorganisée (préparation au certificat d’aptitude professionnelle et au brevet d’enseignement professionnel). L’école maternelle et élémentaire font l’objet d’une réforme importante en 1990 (apprentissages premiers jusqu’à 5 ans, apprentissages fondamentaux de 5 à 8 ans, apprentissages appliqués jusqu’au CM2). Le collège est réorganisé et les méthodes préconisées sont celles de l’éducation nouvelle. La 3e prépare aux enseignements généraux, technologiques et professionnels. La 6e vise à remettre à niveau de manière individuelle les élèves. Le nombre de lycéens qui quittent l’établissement sans qualification diminue chaque année. L’enseignement technologique et professionnel se développe. Les centres de formation des apprentis sont créés et l’apprentissage étendu à 25 ans. Les IUT chargés de former des techniciens de niveau bac +2 se développent avec succès.

La formation permanente des adultes (FPA) se met en place et_ L’université du troisième âge_ complète le cycle de l’instruction pour tous.

En Grande-Bretagne : La scolarité est prolongée de 14 à 15 ans en 1947 puis à 16 ans en 1972 et les écoles secondaires deviennent gratuites mais l’entrée dans les établissements secondaires indépendants les plus renommés (improprement appelés Publics Schools) se fait sur la base de concours difficiles et les frais de scolarité sont très élevés. Les élèves sont répartis en fonction des leurs résultats entre trois types d’établissements : Grammar Schools, Secondary Moderns et Technical Schools. L’enseignement est traditionnel et élitiste et une répartition injuste est faite en faveur des Grammar Schools. Au gré des résultats des scrutins, Les gouvernements travaillistes et conservateurs se succèdent et font des propositions pour une école unique puis des filières à vocation professionnelle. Ces tentatives échouent et les enfants au plus bas niveau rejoignent l’enseignement privé ou les cours pour adultes. Les plus favorisés accèdent aux établissements les plus prestigieux dont les universités d'Oxford et Cambridge. Seul un tiers d’une classe d’âge parvient à l’université.

_Aux Etats-Unis : _Au début des années 1970 l’idée d’une égalité des chances en faveur des minorités s’impose. Le coût des études supérieures est cependant tel que de nombreuses bourses sont nécessaires et les étudiants voire les lycéens sont contraints de travailler en parallèle. Les faillites d’écoles sont nombreuses et la violence règne souvent dans les établissements. Les diplômes universitaires ne suffisent plus pour obtenir du travail. La part du budget national consacrée à l’enseignement reste infime : de l’ordre de 6% en 1994.

En ex-URSS : La guerre a détruit les écoles et les grands éducateurs de l’époque précédente sont décédés. En 1943 est créée une académie des sciences pédagogiques. En 1966 est établi un nouveau système d’enseignement secondaire à dix classes. L’Ecole Polytechnique du travail qui commence à sept ans et dure huit ans représente la base du système. L’Ecole Professionnelle technique donne une qualification d’ouvrier en trois ans. Il existe de nombreuses écoles techniques répondant au besoin de liaison avec l’entreprise. Les études supérieures sont dispensées dans des établissements où les cours peuvent être suivis le soir ou par correspondance. La dissolution de l’ex-URSS conduit les universités du pays à la banqueroute, les enseignants émigrent et beaucoup d’étudiants sont contraints de cesser leurs études faute de bourses.

Au Japon : l’intellectualisme est la règle et la compétition fait des ravages. Le nombre des suicides d’adolescents est accru. Les traditions sont solidement ancrées. L’enfant japonais doit maîtriser trois systèmes d’écritures.

En Chine : L’école chinoise bureaucratisée et élitiste est remise en question par Mao Zédong pendant la révolution économique. On mobilise les paysans pour prendre en charge l’industrialisation des campagnes et l’éducation. Les écoles populaires sont gérées par les unités de production. La formation idéologique prend le pas sur l’instruction. En 1962 elle est contestée et réduite, de même que le travail manuel. Les habitants des campagnes accèdent difficilement à l’enseignement supérieur. Mao créée des universités pour instruire les ouvriers, paysans et militaires mais l’élitisme et le népotisme subsistent. A la mort de Mao les nouveaux dirigeants du Parti adaptent le système d’éducation à la nouvelle politique économique marquée par un fort développement. La recherche se développe et les méthodes sont libérées des idéologies. L’enseignement demeure très coûteux. Les établissements sont libres du choix de leurs professeurs, manuels et programmes, bien que les étudiants restent étroitement surveillés par le gouvernement.

Spécificités : L’école réformée, demeure fidèle au verbalisme, au didactisme, à l’encyclopédisme. La sélection négative l’emporte sur l’orientation progressive. L’élitisme subsiste puisque 16% d’enfants d’ouvriers obtiennent leur baccalauréat contre 74% pour les enfants de cadres et professions libérales. L’usage de l’informatique se répand à l’école au fur et à mesure que s’accomplit la révolution scientifique et technique. L’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’enseignement se développe (TICE). L’éducation s’ouvre sur l’Europe et le monde.

Figures et concepts clés : L’Enseignement programmé, l’Enseignement Assisté par Ordinateur, la Pédagogie Institutionnelle, les TICE, Donald Winnicott, Françoise Dolto, Skinner, C. G. Jung, F. Oury, A. Vasquez.


Pour en savoir plus :

  • Vial Jean, « Vers l’Avenir (deuxième moitié du XXe siècle)», Histoire de l’éducation, Paris, Presses Universitaires de France, «Que sais-je ?», 2009.

  • Site web de Bernadette Moussy, si la Pédagogie m’était contée, le 20e siècle

  • Pédagogie selon Wikipedia

  • Donald Winnicott selon Wikipedia

  • Françoise Dolto selon Wikipedia

  • Clifford Mayes selon Wikipedia

  • Carl Gustav Jung selon Wikipedia

  • Pédagogie institutionnelle selon Wikipedia

  • Fernand Oury selon Wikipedia

  • Aïda Vasquez selon Wikipedia

  • Burrhus Frederic Skinner selon Wikipedia

  • Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement sur Wikipedia

  • Enseignement assisté par ordinateur selon Wikipedia

  • Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active selon Wikipedia