Ressources
Où puiser l’énergie ?
En pédagogie les ressources sont inépuisables
Enfin un environnement ou les ressources sont inépuisables ! Qu’il s’agisse de moyens, de techniques, de projets, de documents de travail, de liens internet riches et utiles … elles sont foison ! Les ressources pédagogiques sont tellement nombreuses que les deux actions utiles sont certainement de les sélectionner (Intérêt, qualité, utilité …) et d’en renouveller la liste régulièrement. Il va sans dire que dans ce domaine l’échange d’expériences, le partage entre usagers va donner tout son sens à cet espace du site.
Ce devrait être l’espace interactif par excellence.
TECFA : Ecrire ensemble
Par Giulia Ortoleva (TECFA)
Les activités portant sur l’écriture collaborative visent à articuler les effets pédagogiques dérivant de l’écriture (au sens d’activité de production de texte original), comme la création des nouvelles connaissances et la réorganisation des connaissances préalables, avec les bénéfices associés à l’apprentissage dans un contexte collaboratif.
Le concept d’écriture collaborative recouvre différentes activités : dans certains cas, les apprenants doivent construire un texte ensemble, dans d’autres ils se partagent des sections de texte à intégrer dans une production unique, ou encore ils proposent des commentaires constructifs sur le texte produit par un collègue.
L’évolution des supports technologiques, ainsi que le développement du Web 2.0, offrent l’environnement idéal pour l’implémentation d’activités d’écriture collaborative, qui permettent d’interagir à distance et en décalé.
Ecrire pour apprendre
Traditionnellement, l’écriture a été considérée comme une manière efficace d’acquérir de nouvelles informations1 et de développer de nouvelles idées, croyances et connaissances. Le processus cognitif mobilisé pendant cette tâche favorise l’organisation et la transformation des connaissances préalables, ainsi que la création des nouvelles connaissances.
Plusieurs métaphores ont été formulées pour expliquer l’effet que l’activité d’écriture a sur l’apprentissage. Parmi ces dernières, l’écriture à été, par exemple, décrite comme un processus de _résolution des problèmes_2, qui prévoit la mise en place de plusieurs procédures spécifiques :
- Planification – génération et organisations des idées et des objectifs,
- Traduction – transformation du plan en texte, et
- Révision – correction du texte pour en améliorer la qualité.
Stratégies d’écriture
Sur la base de ce modèle, plusieurs stratégies d’écriture ont été identifiées :
- Knowledge telling : stratégie qui se base sur l’écriture libre de tout ce que l’auteur connaît à propos d’un sujet, sans prêter attention à la structure et à l’organisation du texte.
- Knowledge transforming : méthode qui se base sur la transformation des idées, l’auteur du texte prend en compte l’objectif de l’activité pour organiser les concepts et la hiérarchie des informations, tout en tenant compte de la clarté, plausibilité et efficacité du texte.3
- Knowledge crafting : stratégie qui implique une adaptation du texte en fonction des lecteurs envisagés pour ce dernier. Cette adaptation comporte une sélection des informations à présenter ainsi qu’une organisation spécifique de la manière de présenter lesdites informations.4
Plus récemment, le chercheur anglais David Galbraith5 a rajouté que l’écriture représente aussi un processus de création de nouvelles connaissances (knowledge constituting), du moment que pendant l’écriture, de nouvelles idées sont formulées et comportent la réorganisation des concepts préexistants.
Ces stratégies d’écriture ne s’excluent pas mutuellement, mais sont plutôt placées sur un continuum et sont interdépendantes.
Le design de scénario d’écriture
Même si l’écriture est considérée comme bénéfique pour le processus d’apprentissage, il a été observé que certaines conditions sont nécessaires pour que l’activité soit productive :
- les connaissances et croyances préalables des étudiants doivent être prises en compte,
- la tâche doit encourager les étudiants à réfléchir sur leur propre expérience,
- la tâche doit demander l’élaboration de nouvelles idées, plutôt que la simple rédaction d’un résumé ou d’un rapport factuel,
- les étudiants doivent être encouragés à résoudre des problèmes pratiques à travers les connaissances théoriques, et
- la tâche d’écriture doit être intégrée au curriculum d’apprentissage, avec l’organisation des séances autour de cette activité, comme des discussions de classes ou des activités en petit groupe6.
De plus, il a été observé que la manière la plus efficace d’exploiter l’activité d’écriture est de l’accompagner de discussions orales et de lectures pertinentes7.
L’apprentissage collaboratif
L’expression apprentissage collaboratif (ou apprentissage coopératif selon les auteurs) évoque plusieurs situations dans lesquelles des apprenants doivent travailler ensemble sur des tâches attribuées. Généralement ces activités se basent sur des scénarios plutôt détaillés qui expliquent comment la collaboration doit être articulée et se dérouler au fil du temps8. Les scénarios collaboratifs encouragent les étudiants à discuter entre eux et expliciter leur propre compréhension, ainsi qu’à prendre en compte le point de vue des autres.
Le design des activités d’apprentissage collaboratif
Même si l’apprentissage collaboratif peut être un puissant moteur d’apprentissage, son efficacité dépend de plusieurs facteurs, et tout particulièrement de la réelle participation et de l’engagement des étudiants dans les activités, en interaction avec leurs collègues. Deux conditions ont été identifiées comme particulièrement importantes pour le succès des activités collaboratives : En premier lieu, la collaboration entre pairs n’est pas un processus spontané et doit être encouragée et guidée à travers le design de l’activité. En particulier, les étudiants doivent être mis dans des situations dans lesquelles chacun gagne à collaborer (interdépendance positive) et dans lesquelles les rôles et responsabilités de chacun sont identifiés9. En deuxième lieu, le scénario pédagogique doit inclure non seulement des activités de collaboration de groupe, mais aussi des tâches individuelles et collectives.10
L’écriture collaborative
Différents types d’activités d’écriture collaborative peuvent être identifiés. Pour en citer quelques exemples, dans certaines activités les apprenantes doivent s’engager dans le processus de co-construction des connaissances. Dans ce type d’activité il leur est demandé de collaborer dès le début dans la création du contenu.
Un autre exemple consiste en des activités dans lesquelles les apprenants doivent se proposer les uns les autres des commentaires et/ou une évaluation à propos de leur performance. Différents types d’activité de commentaire par les pairs peuvent être proposés aux apprenants : l’activité de commentaire par les pairs « classique » leur demande de fournir des retours généraux, ainsi que des critiques constructives et des suggestions. Dans les activités d’évaluation par les pairs, d’autre part, il leur est demandé d’évaluer la performance des autres. L’attitude des apprenants face à la tâche d’évaluation par les pairs peut être initialement critique, car ils n’apprécient pas toujours l’idée que ce soit à un collègue d’évaluer leur travail, à la place de l’enseignant qui est qualifié pour le faire. Cette attitude évolue généralement au fur et à mesure qu’ils acquièrent de l’expérience avec ce type d’activité11. Dans les deux cas, un guidage explicite de ce qui est attendu (critère d’évaluation, forme du commentaire) est indispensable.
Outils supportant l’écriture collaborative
Des nombreux outils qui permettent le processus d’écriture collaborative ont vu le jour grâce au développement des ordinateurs, ainsi qu’à une connexion internet de plus en plus répandue.
Web 2.0
C’est peut-être utile à ce stade d’introduire la distinction entre le Web « traditionnel » (Web 1.0) et son développement plus récents, normalement appelé Web 2.0 ou Web collaboratif. Le premier offre aux utilisateurs un environnement dans lequel ils ont accès à une grande quantité d’informations. Les utilisateurs peuvent créer leurs propres pages, mais le format est plutôt statique et n’offre pas de réelles possibilités de collaboration directes et de communication entre l’auteur de la page web et le lecteur. Le Web 2.0 au contraire offre l’opportunité d’interagir directement et de partager des informations en ligne. Cela transforme le web statique en un environnement plus dynamique dans lequel le contenu est construit en collaboration et grâce à une négociation entre les participants. Ce type d’environnement est donc idéal pour mener des activités d’apprentissage collaboratif basé sur l’écriture.
Différents outils font parti du Web 2.0, comme par exemple blogs, wikis, forums, et réseaux sociaux. Parmi ces outils, les wikis représentent un choix classique pour les activités d’apprentissage et d’écriture collaboratives. Voir ci-dessous la section dédiée au Wiki.
Références :
1 Emig, J. (1977). Writing as a mode of learning. College composition and communication, 28(2), 122-128.
2 Hayes, J. R. and Flower, L. S. (1980). Identifying the organisation of writing process. In L.W. Gregg and E. R. Steinberg (Eds.), Cognitive process in writing (pp. 3-30). Hillsdale, NJ : Erlbaum.
3 Bereiter, C. and Scardamalia, M. (1987). The psychology of written composition. Hillsdale, NJ : Lawrence Erlbaum Associates.
4 Kellogg, R. T. (2008). Training writing skills : A cognitive developmental perspective. Journal of Writing Research, 1(1), 1-26.
5 Galbraith, D. (1999). Writing as a knowledge-constituting process. In D. Galbraith & M. Torrance (Eds.), Knowing what to write. Conceptual process in text production (pp. 137-158). Amsterdam : Amsterdam University Press.
6 Tynjälä, P., Mason, L., and Lonka, K. (2001). Writing as a learning tool : Integrating theory and practice. Studies in writing, vol. 7. Dordrecht, The Netherlands. Kluwer Academic Publisher.
7 Tynjälä, P. (1998) Writing as a tool for constructive learning : Student’s learning experiences during an experiment. Higher Education, 36, 209-230.
8 Dillenbourg, P. (1999). What do you mean by collaborative learning?. In P. Dillenbourg (Ed.) Collaborative learning : Cognitive and computational approaches (pp. 1-19). Oxford : Elsevier.
9 Buchs, C. (Sous presse). Apprendre ensemble : des pistes pour structurer les interactions en classe. In M. Giglio & F. Arcidiacono (Eds.), Les interactions sociales en classe : réflexions et perspectives. Bienne: Editions HEP-BEJUNE.
10 Dillenbourg P. and Fisher, F. (2007). Flexibility in macro-scripts for computer-supported collaborative learning. Journal of Computer Assisted Learning, 23, 1-13.
11 Dochy, F. and McDowell, L. (1997). Assessment as a tool for learning. Studies in Educational Evaluation, 23, 279-298.
TECFA : Exemple de scénario pédagogique
Par Giulia Ortoleva (TECFA)
Cette section présente un scénario implémenté dans le contexte d’une recherche conduite par Giulia Ortoleva et Mireille Bétrancourt, chercheuses du laboratoire TECFA – Technologie pour la formation et l’apprentissage, de la Faculté de Psychologie et Sciences de l’Education de l’Université de Genève.
Graphique illustrant les trois séances du scenario implémenté
Le scenario a été implémenté au cours d’une intervention qui a eu lieu au sein d’une école pour Assistant-e-s en Soins et Santé Communautaire (ASSC) à Genève. Le scénario a été adapté aux besoins et défis spécifiques des enseignants et apprenants engagés dans un contexte qui implique une alternance entre école et stage.
L’implémentation de ce scénario se base sur trois phases distribuées au long de trois séances d’une heure et demi chacunes. Les séances avaient lieu toutes les deux semaines, la durée totale du scénario était donc de 6 semaines. Un wiki a été crée pour cette activité.
I Séance – Ecriture et commentaires de pairs
Phase 1 - Les apprenants doivent décrire une expérience significative rencontrée au cours de leurs stages, liée à une compétence professionnelle spécifique. Il leur est demandé d’écrire individuellement sur leur propre page personnelle. La consigne, comme préconisé par la technique de l’incident critique, présente trois éléments de guidage : (1) Qu’est-ce qui c’est passé ? (2) Quelle a été ta réaction ? (3) Quelles ont été les conséquences de cette situation ?
Phase 2 - Les participants sont invités à accéder aux pages de deux collègues pour leur proposer des commentaires. Des éléments de guidage sont proposés à ce stade pour encourager la production de critiques constructives. Les instructions fournies sont les suivantes : (1) poser des questions à propos de la situation décrite, (2) commenter le comportement du collègue, et (3) si une expérience semblable a été rencontré, raconter cette situation, autrement réfléchir sur la réaction envisagée dans un cas semblable.
Phase 3 – Pour terminer la séance, chaque apprenti revient sur sa propre page pour (1) répondre aux questions posées par les collègues, (2) considérer les commentaires et suggestions des autres et expliquer sa perspective à propos de ces commentaires, enfin (3) expliquer comment il/elle envisage de modifier sa pratique par la suite. Toutes les interactions ont lieu par écrit, sur la plateforme. Pour pouvoir distinguer le texte écrit à chaque phase de l’activité, les apprenants utilisent des couleurs différents.
Copie d’écran de la page d’un apprenant après la première séance. Cela inclut l’incident critique (écrit en noir), les deux commentaires de pairs (bleu et rouge) et la conclusion, en vert. La page a été rendue anonyme
II Séance – Discussion en classe
Une discussion orale avec tous les participants est orchestrée par l’enseignant qui organise préalablement les épisodes des apprenants en groupes thématiques. La discussion est articulée autour de ces thèmes et elle a pour objectif de trouver de nouvelles solutions pour les situations critiques.
III Séance – Elaboration finale du texte
Les apprenants reçoivent des ressources externes (articles de journal, extrait de livres ou de vidéos) qui fournissent des perspectives intéressantes à propos des thématiques traitées dans les épisodes critiques et au cours de la discussion orale. En tenant compte du contenu de ces ressources, les participants doivent reconsidérer les thèmes discutés et élaborer de nouvelles conclusions pour la situation qu’ils ont décrite ou pour celles des collègues.
Ce type de scénario pédagogique est très flexible et des instructions similaires pourraient être utilisées dans des contextes différents et avec des apprenants de tout âge.
Recommandations pour la pratique
L’implémentation du scénario décrit permet l’identification d’un nombre de recommandations pour la mise en place d’activités d’écriture collaboratives.
En premier lieu, il est important que les apprenants s’engagent réellement dans l’activité, car les textes écrits à la fois individuellement et en commentant la situation des autres dépendent de leur engagement. Ils doivent participer en écrivant des textes intéressants, en partageant des situations enrichissantes, et en proposant aux autres des commentaires constructifs et des suggestions pertinentes.
Trouver la manière efficace de motiver les apprenants est donc un défi important, cela va dépendre de la thématique proposée, mais aussi des activités crées autour de la collaboration. Notre expérience nous a montré qu’il est très important de prendre en compte, entre autre, les cinq recommandations pour le design d’activité d’écriture13.
Pour ce qui concerne la collaboration des pairs, nous avons identifié quelques aspects qui pourraient jouer un rôle dans l’efficacité de ce type d’activité. En premier lieu, nous avons observé que les interactions efficace étaient associées à des commentaires de pairs dans lesquels les collègues proposent de réelles alternatives concrètes ou présentent des expériences personnelles en relation avec la situation vécue par le collègue. Les questions et les commentaires généraux étaient aussi fonctionnels pour le déroulement de cette activité. Les questions en particulier étaient une bonne façon de commencer l’activité de manière progressive. D’autre part, c’est quand des solutions réellement nouvelles étaient proposées que les apprenant arrivaient à élaborer de nouvelles stratégies pour faire face à ce type de situation.
Ces derniers quelques points devraient être pris en compte pour la création de scénarios basés sur l’écriture collaborative.
Références :
12 Ortoleva, G. and Bétrancourt, M. (2014). Collaborative writing and discussion in vocational education: Effects on learning and self-efficacy beliefs. Journal of Writing Research, 7(1), 95-122
13 Tynjälä, P., Mason, L., and Lonka, K. (2001). Writing as a learning tool : Integrating theory and practice. Studies in writing, vol. 7. Dordrecht, The Netherlands. Kluwer Academic Publisher.
TECFA: Qu’est-ce qu’un wiki ?
Par Giulia Ortoleva (TECFA)
Le wiki est un des outils les plus connus et répandus appartenant à la catégorie du Web 2.0 ou web collaboratif (voir ci-dessus la section Outils supportant l’écriture collaborative).
Le wiki est un environnement web qui se base sur une idée de collaboration dans la création d’un contenu commun et partagé par tous les participants. Il est organisé en une série de pages reliées les unes aux autres, dans une structure libre et ouverte.
Philosophie et fonctionnement
Le nom Wiki a été choisi par le créateur du premier site de ce type, Ward Cunningham, et dérive du terme hawaïen wiki qui signifie « vite » ou encore « informel ».
Le wiki est un environnement web qui se base sur une idée de collaboration asynchrone (non simultanée). Dans un wiki, des groupes de personnes peuvent participer à la création d’un corpus de connaissance unique et partagé. Les contributeurs peuvent donc créer une page, écrire un texte, mais aussi modifier, effacer et rajouter du texte à une production existante crée par d’autres personnes.
Cette caractéristique le distingue des autres outils Web 2.0, comme les blogs, dans lesquels le texte est associé à un seul auteur, qui peut recevoir des commentaires ou des suggestions d’autres personnes uniquement dans une section dédiée. Il se distingue également du forum, dans lequel la discussion se base sur des ajouts progressifs à une discussion créée par un utilisateur.
La structure d’un wiki est complètement libre et ouverte. Son organisation fait partie de la création du contenu et doit donc être négociée parmi les participants. L’environnement du wiki ne propose aucune hiérarchie parmi les pages, qui sont toutes au même niveau. Elles sont reliées les unes aux autres en fonction du contenu et des parcours créés par les contributeurs.
L’édition d’une page wiki se fait directement dans le navigateur web et se base sur une syntaxe appelée wikitexte, conçue pour que les fonctionnalités les plus communes soient facilitées. Un grand nombre d’environnements wiki offrent ainsi une édition simplifiée (WYSIWYG), qui ne demande pas de connaissances spécifiques liées à la syntaxe.
Une fonctionnalité clé du wiki est celle de l’historique. A partir du moment où plusieurs contributeurs peuvent modifier une même page, il est particulièrement important de garder trace de ces modifications ainsi que de leurs auteurs. L’environnement du wiki enregistre toutes les modifications apportées sur une page, permettant de consulter et récupérer les versions précédentes, en cas de besoin.
Un exemple d’un environnement wiki très connu et consulté, est Wikipedia. Wikipedia est un ensemble d’encyclopédies en différentes langues, qui permet à tout un chacun de contribuer sur un nouveau sujet ou enrichir un article existant. Wikipedia est aussi une communauté très structurée, avec des règles, des rôles précis et des mécanismes avancés de vérification et de discussion du contenu.
Wiki en education
Les wikis offrent trois caractéristiques principales qui le rendent particulièrement indiqué pour son utilisation en milieu éducatif :
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L’édition ouverte à tous les utilisateurs. Tous les participants peuvent créer et modifier un texte, créer des liens et organiser le contenu. Ils peuvent donc créer des parcours à travers le contenu du wiki.
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La fonctionnalité historique. Toutes les versions et modifications apportées à une page, ainsi que les données à propos des auteurs des différentes versions, sont enregistrées et peuvent être consultées et réutilisées si besoin.
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La fonctionnalité discussion. Associé à chaque page du wiki, un onglet discussion permet aux participants de discuter de manière asynchrone et de fournir des commentaires et suggestions à propos du contenu spécifique de la page1
Plusieurs recherches ont été menées pour étudier l’impact de l’utilisation des wikis en contexte éducatif. Ces recherches ont démontré, par exemple, que dans les activités qui demandent aux participants de contribuer à un effort commun d’écriture collaborative, ceux-ci font preuve d’un engagement cognitif majeur, ainsi que d’un plus grand investissement émotionnel.2 Les activités d’écriture collaborative démontrent un grand potentiel si certaines recommandations sont suivies (voir à ce sujet la section ci-dessus Ecrire ensemble).
Toutefois, certaines caractéristiques du wiki peuvent se révéler particulièrement complexes pour son utilisation au milieu éducatif. En particulier, il a été remarqué que la complète flexibilité de la structure peut se révéler problématique. Pour permettre une utilisation efficace de cet environnement dans un contexte éducatif, il est crucial qu’une structure fonctionnelle soit crée et maintenue par les participants.3
L’utilisation et l’efficacité du wiki dépendent aussi d’un certain nombre de caractéristiques individuelles des participants. Les utilisateurs doivent, par exemple, se sentir assez confiants dans leurs compétences techniques pour aborder la première prise en main de la plateforme et surpasser d’éventuelles difficultés. Pour cette raison, un manque d’intérêt ou d’investissement de temps dans la prise en main de l’outil peut se révéler très problématique pour son utilisation.
Finalement, la maintenance de l’environnement doit aussi être prise en compte et assurée par quelqu’un qui aura le rôle de leader de l’environnement, et encouragera aussi la participation des autres.
Les caractéristiques du wiki en font un outil particulièrement intéressant pour le développement de communautés de pratique, dans lesquelles les participants peuvent créer des documents, discuter et partager des informations4. L’organisation des communautés de pratique peut être très intéressante dans un contexte éducatif. Cela peut être crucial, par exemple, dans l’apprentissage professionnel, ainsi que dans les situations d’apprentissage de compétences appliquées.
Un exemple de scénario pédagogique basé sur un wiki est disponible ici.
Références :
1 Hadjerrouit, S. (2014). Wiki as a collaborative writing tool in teacher education: Evaluation and suggestions for effective use. Computers in Human Behaviour, 32, 301-312.
2 Biasutti, M. (2011). The student experience of collaborative e-learning university module. Computers & Education, 57(3), 1865-1875.
Cole, M. (2009). Using wiki technology to support student engagement: lessons from the trenches. Computers & Education, 52, 141-146.
3 Donnelly, D. F., & Boniface, S. (2013). Consuming and creating: Early-adopting science teachers’ perceptions and use of a wiki to support professional development. Computers & Education, 68, 9-20.
4 Chao, Y.-C. J., & Lo, H.-C. (2011). Students’ perception of wiki-based collaborative writing for learners of English as a foreign language. Interactive Learning Environments, 19(4), 395-411.
Wichmann, D., & Rummel, N. (2013). Improving revision in wiki-based writing: Coordination pays off. Computers & Education, 62, 262-270.
Plateformes Wiki
Un wiki fonctionne grâce à un moteur de wiki, logiciel qui permet la mise en place de l’environnement et de toutes ses fonctionnalités. Il existe actuellement un grand nombre de moteurs de wiki (plus de 300 selon cette liste : http://c2.com/cgi/wiki?WikiEngines).
Les moteurs de wiki présentent globalement des caractéristiques très semblables, qui reproduisent les principes de base de cet environnement. De plus ou moins grandes différences peuvent être observées dans les fonctionnalités spécifiques offertes par chaque moteur, ou dans la mise en œuvre de ces fonctionnalités.
Parmi les moteurs les plus répandus, nous pouvons citer Mediawiki, un software opensource et gratuit. Originairement crée pour Wikipedia, il est maintenant utilisé pour nombre d’autres sites (par exemple le site Edutechwiki – sur les technologies éducatives et les théories associées)
Pour utiliser les environnements wiki en milieu éducatif, un service particulièrement intéressant est offert par Wikispaces.
Wikispaces est un service développé spécifiquement pour les enseignants et étudiants. Il permet de créer simplement un espace wiki privé (accessible uniquement à un groupe) ou public, et il est disponible en plusieurs langues.
Les principales caractéristiques de Wikispaces sont :
- Ne nécessite pas de connaissances web : on peut éditer et modifier les pages sans avoir aucune connaissance du langage web. L’utilisation de différentes polices et couleurs est aussi très simple.
- S’utilise à travers un environnement web : on ne doit rien installer sur l’ordinateur, et ce n’est pas un poids pour le système, du fait que le site est hébergé ailleurs.
- Il existe un système de sauvegarde automatique : on a rarement des problèmes avec la plateforme (même quand on oublie de sauvegarder le texte). La seule contrainte est que deux personnes ne peuvent pas éditer la même page en même temps.
- On peut créer autant de page wiki que l’on veut, donc un par activité, par classe, par année, selon nos besoins.
- Wikispaces prévoit des fonctionnalités pour l’éducation, pensées explicitement pour l’usage à l’école (la création des projets de groupe, par exemple).
TECFA : Les cartes conceptuelles dans l’enseignement et l’apprentissage
Par Kalliopi Benetos, PHD, TECFA, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève.
Les cartes conceptuelles ou cartes heuristiques sont « des outils pour l’organisation et la représentation des connaissances » (Novak, 2010). C’est une forme de représentation graphique constituée d’un ensemble de concepts (nœuds) reliés sémantiquement entre eux. Elle permet d’associer des idées sans avoir à les organiser de manière linéaire, comme l’exige l’expression écrite ou orale. Par exemple, cette carte conceptuelle explique ce que c’est une carte conceptuelle. Cette mise en forme immédiate des idées générées et associées sans contraintes structurelles et organisationnelles est considérée favoriser la créativité.
Les cartes conceptuelles peuvent prendre des formes variées dans leur structure, leur profondeur et leur complexité (Figure 1). Les chaines peuvent être indicatives des connaissances superficielles ou un apprentissage par cœur. Les rayons ou étoiles peuvent signifier l’ajout de multiples idées sans rapport entre elles. Les réseaux comprenant plusieurs liens entre les idées indiquent une compréhension entre les concepts plus approfondie. La richesse d’une carte conceptuelle est ainsi considérée représenter la richesse des structures cognitives et de la compréhension conceptuelle d’un individu, indiquée par le nombre de concepts (nœuds) et le nombre de liens entre eux (Hay & Kinchin, 2008).
Figure 1 : Différents types de cartes conceptuelles d’après Hay & Kinchin (2006)
Utilisation dans les situations d’apprentissage
Pour les apprenants, les cartes conceptuelles peuvent être utilisées pour prendre des notes, lier des nouveaux concepts à leurs connaissances existantes ou pour structurer la pensée. Pour les enseignants, les cartes conceptuelles offrent un aperçu de l’état du processus d’apprentissage d’un apprenant. Ces représentations ponctuelles peuvent être utiles dans l’analyse et l’évaluation de l’apprentissage d’un état à l’autre.
Outils numériques
Les cartes conceptuelles peuvent être dessinées directement sur papier, ou construites avec des post-it, mais il existe un grand choix d’outils numériques en ligne gratuits ou de logiciels open source pour dessiner les cartes conceptuelles, dont certains dédiés à leur création.
Ces outils sont de deux types, caractérisés par la forme des représentions graphiques générées. Les outils classés comme « mind maps » permettent de créer des structures hiérarchiques en forme d’arborescences (Freemind, XMind) (Figure 2). Ils ont l’avantage de permettre une linéarisation des idées plus facile, mais ne permettent pas l’organisation des idées en forme de réseau.
Figure 2 : Mind map : organization en arborescence (rayons).
Les outils de « concept map » permettent d’organiser les idées librement en chaines, étoiles ou réseaux (VUE, Cmap) et favorisent l’insertion de texte au niveau de liens pour décrire la relation entre les idées (Figure 3). En plus, les logiciels d’édition de texte (MSWord, OpenOffice) ou de présentation (PowerPoint, OpenOffice Impress) offrent aussi des outils de dessin (formes et fleches) qui peuvent aussi servir pour créer des cartes conceptuelles. Certains outils en ligne (Cacoo, Gliphy, Google Docs) étendent les possibilités à la création de cartes conceptuelles en collaboration.
Figure 3 : Concept map : organisation en réseau
Pour en savoir plus :
Edutechwiki – Carte conceptuelle
Références :
Hay, D. B., & Kinchin, I. M. (2006). Using concept maps to reveal conceptual typologies. Education + Training, 48(2/3), 127–142.
Hay, D. B., & Kinchin, I. M. (2008). Using concept mapping to measure learning quality. Education + Training, 50(2), 167–182.
Novak, J. D. (2010). Learning, creating, and using knowledge: concept maps as facilitative tools in schools and corporations (2nd ed.). New York: Routledge.