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Episode 7: Quelle école aujourd'hui ?

Technologies « une modernité éthique, c’est possible ? »

Choix de la « modernité éthique »

On parle ici d’une école qui est respectueuse de l’environnement, qui se veut écologique, respectueuse de la vie, respectueuse des personnes… Ce type de discours peut induire une idée de rejet de la modernité.

Ce n’est pas le choix d’un tel projet.

On sait que l’homme met en œuvre systématiquement tout ce qu’il découvre, ce qu’il maîtrise (ou qu’il pense maîtriser). A mes yeux, il n’est pas judicieux de refuser la modernité. Cela ne relève peut-être même pas du domaine du possible.
Un nombre important de recherches, d’expériences pédagogiques (Enseignement à distance et Moocs) et éducatives (A hole in the wall) montrent à l’envi tout l’intérêt de l’apport des technologies dans les domaines de l’enseignement et de l’éducation. Moocs : L’acronyme MOOC signifie « Massive Open Online Course » que l’on peut traduire par « cours en ligne ouvert et massif ». Ils s’adressent aujourd’hui généralement aux étudiants en université ou aux adultes souhaitant se former dans certains domaines.( http://moocs.unige.ch/presentation/ )

Rien n’empêche de développer des « MOOC » qui s’adressent à de plus jeunes personnes, voire de les adapter aux plus jeunes.

A hole in the wall : (Dr. Sugata Mitra 1999) Une expérience consistant à fixer un ordinateur dans un mur et à pratiquer un trou dans ce mur à travers lequel les enfants de la rue analphabètes pouvaient accéder à Internet, a provoqué une importante réflexion dans les milieux pédagogiques et éducatifs. « A hole in the wall ».
(https://ictec.wordpress.com/2010/03/20/hole-in-the-wall-%E2%80%93-challenges-the-traditional-pedagogy/ )

Petite Poucette : Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer.
Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, tout aussi décisive, s’accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises.
De l’essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise «Petite Poucette»
(https://www.amazon.fr/Petite-poucette-Michel-Serres/dp/274650605X)

Par contre l’intégration des technologies dans l’école peut s’accompagner de dérives peu souhaitables, voire de dangers graves. La rencontre des nanotechnologies, de la robotique et de l’intelligence artificielle débouche sur des projets « transhumanistes » qu’il est certainement indispensable de réguler. Si ce que l’on nomme la révolution transhumaniste apporte une foule d’innovations thérapeutiques potentiellement bénéfiques, elle s’accompagne également de projets potentiellement terrifiants « La révolution du transhumanisme - Luc Ferry ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/04/transhumanisme-et-uberisation-une-origine-deux-destins_4895067_3232.html

Il s’agit donc de travailler dans « la voie du milieu » et par exemple de ne pas refuser ordinateurs et usages des écrans, mais de savoir en doser la consommation, en connaître les éventuels dangers potentiels. Pas de rejet des technologies, des moyens de communication, des médias sociaux, mais au contraire une solide culture dans ces domaines et un dosage en terme d’utilisation. Il s’agit là encore de permettre aux élèves de devenir des acteurs éclairés dans le domaine de ces outils et technologies et de ne pas rester au stade de simples consommateurs captifs, sans maîtrise de ces environnements, sans réelle compréhension, sans défenses et de les priver de la créativité que ces moyens peuvent aussi apporter.

De même pour d’autres domaines (télévision, nourriture, vêtements, gadgets, utilisation des véhicules individuels versus des transports publics ou des systèmes de co-voiturage …) doivent faire l’objet d’une réflexion éclairée et permettre à chacun d’en faire un usage contrôlé … et librement choisi.

La question de savoir quel type d’école et quel type de pédagogie il est bon de proposer aux élèves m’a poursuivi toute ma carrière. Chaque année scolaire, j’ai eu l’occasion de repenser un certain nombre de pratiques, de démarches, de modalités de fonctionnement tant vis à vis des élèves eux-mêmes que vis à vis des adultes qui les accompagnent.

Chaque année j’ai consacré du temps à approfondir ma connaissance des grands mouvements pédagogiques, à entretenir une veille pédagogique, à m’informer sur les pratiques alternatives, les nouvelles technologies et aussi les enquêtes menées auprès des élèves et des enseignant(e)s afin de mieux cerner les besoins des uns et des autres, sans cesse en évolution.

Récemment encore (Juin 2016), un rapport* de l’ASBL Jeune Et Citoyen (Organisation belge) m’a permis de mesurer combien il est important de consulter largement et fréquemment les intéressés, si on souhaite proposer des réponses aussi pertinentes que possible dans les domaines de l’enseignement, de l’éducation.

Le Pacte pour un Enseignement d’excellence est le fruit d’un intense travail collaboratif entamé en 2015. Il est fondé sur une ambition commune à l’ensemble des partenaires de l’école : renforcer la qualité de l’enseignement pour tous les élèves.

Au cours de cette aventure, nous avons rencontré et discuté avec des centaines d’élèves. S’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est qu’il est absolument nécessaire de les concerter plus souvent. La Convention Internationale des Droits de l’Enfant prévoit en son article 12 que « 1. Les Etats parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. ». Les mécanismes de délégation d’élèves mis en place aujourd’hui dans les écoles (quand il y en a) ne sont pas suffisants pour garantir la mise en œuvre concrète ce droit dans les écoles, et c’est encore moins le cas à des échelons supérieurs comme celui des Pouvoirs Organisateurs ou de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La première réflexion à laquelle nous avons été souvent confrontés en allant à la rencontre des élèves pour demander leur avis sur l’école était du genre “à quoi ça va servir, de toute façon on n’en tient jamais compte”.

Quant à l’enseignant(e), il lui faut aussi s’appuyer sur des outils performants pour assurer la veille pédagogique qui lui évitera de pratiquer la pédagogie de l’école d’hier !

« L’enseignant est souvent vu comme un travailleur (jardinier) de la connaissance, passant du temps à butiner, sélectionner, compiler de nombreuses ressources (électroniques, sur papier, etc.) afin de trouver les plus appropriées pour ses étudiants, élèves ou production. En outre, cette question de veille est devenue de plus en plus cruciale car, les connaissances évoluant très vite, il est nécessaire que l’enseignant mette en œuvre les stratégies les plus efficaces possible pour mettre à jour ces dernières. « Ce document » donne quelques indications théoriques et pratiques pour toute personne voulant réfléchir et s’initier à ces questions. »

Prochain épisode " Dimensions pratiques - organisation “ le 26.01.2020