post-thumb

Les grands courants pédagogiques

Par Etiennette Vellas, Docteure en sciences de l’éducation

Les pédagogies sont multiples, les manières de les classer aussi. Vouloir comparer les pédagogies demeure un casse-tête et un défi ! On peut néanmoins les placer dans de grands courants suivant leurs finalités, leurs conceptions de l’apprentissage et leurs pratiques éprouvées.

Quelques exemples :

**Qu’est-ce qu’un courant pédagogique ? **Auteur Laurent Sampson, Collège Saint Paul. Sous la direction de Suzanne Guillemette. Université de Sherbrooke.

Sont situés ici 4 courants pédagogiques (courant humaniste, cognitiviste, constructiviste et socioconstructiviste, behavioriste.


1. Courants classés en fonction des modèles théoriques de l’apprendre

  • Premier courant : Conception empiriste de l’apprendre > Les pédagogies de l’imprégnation et de la mémorisation.

  • Deuxième courant : Conception behavioriste de l’apprendre > Les pédagogies de l’entraînement par conditionnement et renforcement.

  • Troisième courant : Conception constructiviste et socio-constructiviste de l’apprendre >
    les pédagogies de la construction du savoir par l’activité du sujet et ses interactions avec ses milieux.

  • Quatrième courant : Conception cognitiviste et sociocognitiviste de l’apprendre. Les pédagogies du traitement de l’information, des intelligences multiples, de la créativité.
    Les pédagogues sont en état de veille sur les travaux des neurosciences cognitives et affectives.

  • Cinquième courant : Conception complexe de l’apprendre > pédagogie de la pensée complexe, de la créativité.


Références :

  • Avanzini, G. (1985). Esquisse d’une comparaison entre les pensées pédagogiques du XVIIIe et du XXe siècles. Éducation et pédagogies au siècle des Lumières. Angers : Presse de l’Université Catholique de l’Ouest.

  • Avanzini, G. (1996). La pédagogie aujourd’hui. Dunod.

  • Prigogine Ilya (1996). La fin des certitudes. Temps, chaos et les lois de la nature. Éd. Odile Jacob.

  • Hameline, D. (1986/2000). Courants et contre-courants dans la pédagogie contemporaine. Sion : ODIS.

  • Hameline, D. (1992). L’éducation dans le miroir du temps. Paris : Lep. Loisirs et pédagogie.

  • Giordan André. Des modèles pour comprendre l’apprendre : de l’empirisme au modèle allostérique. http://www.andregiordan.com/articles/apprendre/modalost.html

  • Giordan André. Le modèle allostérique et les théories contemporaines sur l’apprentissage. http://www.ldes.unige.ch/publi/rech/th_app.htm

  • Giordan, André. Les nouveaux modèles pour apprendre : dépasser le constructivisme ? / André Giordan. In: Perspectives. - Paris. - Vol. 25(1995), no 1, p. 109-127.

  • Meirieu, Ph. (1994). Histoire et actualité de la pédagogie, repères théoriques et bibliographiques. Outils de base pour la recherche en éducation. 1. Université Lumière-Lyon 2.

  • Morin, E. (1999). La tête bien faite. Paris : Seuil.

  • Morin, E. (1999). Relier les connaissances. Le défi du XXIe siècle. Paris : Le Seuil.

  • Morin, E. (1999 b). Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur. Éd. Seuil. Disponible sur le Site de l’Unesco : http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001177/117740fo.pdf

  • Not, L. (1979). Les pédagogies de la connaissance. Toulouse : Éd. Privat.

  • Puozzo, I. (2013). Pédagogie de la créativité : de l’émotion à l’apprentissage. In Les cahiers du CERFEE. N˚33.
    http://edso.revues.org/174

  • Gauthier Clermont et Tardif Maurice (1996). _La pédagogie. Théorie et pratiques de l’Antiquité à nos jour_s. Éd. Gaëtan Morin.

  • Vellas, Etiennette (2007). Comparer les pédagogies : un casse-tête un défi. Éducateur. Numéro Spécial 2007. En ligne : http://www.meirieu.com/OUTILSDEFORMATION/vellas_comparerlespedagogies.pdf

Les théories scientifiques contemporaines sur l’apprentissage pouvant influencer les pédagogies

La grille d’analyse proposée en partie par André Giordan prend appui sur les trois discriminants principaux, les plus souvent avancés dans la littérature : la connaissance, l’élève, la société, la didatique, la créativité. Cette option permet de ranger les multiples approches dans une quinzaine d’ensembles théoriques et de les situer dans l’espace selon six axes:

  • axe connaissance : théories académiques, théories technologiques, théories béhavioristes, théories épistémologiques;

  • axe société : théories sociales, théories socio-cognitives, théories psycho-sociales, théories multi-variées;

  • axe apprenant : théories humanistes, théories génétiques, théories cognitives.

  • axe spiritualité : théories spiritualistes

  • axe didactique : théories didactiques, modèle allostérique

  • axe holistique : théories de la créativité, théories de la complexité

Giordan André. Le modèle allostérique et les théories contemporaines sur l’apprentissage. http://www.ldes.unige.ch/publi/rech/th_app.htm

Fert Jean-Marc (2011). Éduquer à la complexité. (Teaching complex thinking). Communication au 8ème Congrès de l’Union européenne de Systémique. Bruxelles. En ligne : http://www.meirieu.com/ECHANGES/eduquer_complexite_fert.pdf

Fert Jean-Marc (2008). Eduquer pour une société durable. Dieux et autorités en crise.

Fert Jean-Marc (2012). Apprendre à penser complexe (tome I). Se relier au monde. Éd. Odin.

Fert Jean-Marc (2012). Apprendre à penser complexe (tome 2). Reliances humaines et personnelles. Éd. Odin.


2. Courants classés en fonction des finalités (modèles d’homme et sociétés)

Toute éducation implique une orientation dans le domaine des valeurs et, par là même, touche au problème fondamental des finalités de l’éducation. Ces dernières indiquent le sens de la marche.

Les pédagogies peuvent être classées en trois grandes tendances :

  • une perspective individualiste de l’éducation, conçue avant tout comme une action sur un sujet individuel,
  • une perspective collectiviste, communautaire, appréhendant l’être humain comme un sujet social,
  • une perspective alliant ces deux tendances, la construction de l’homme et du citoyen.

3. Courants classés en fonction des situations pédagogiques

Jean Houssaye (1988), pédagogue, a proposé « le triangle pédagogique » comme modèle de compréhension du pédagogique. Celui-ci peut permettre des comparaisons, des rapprochements entre les diverses situations pédagogiques parce que toutes s’articulent autour de trois éléments — élève, savoir, enseignant — , dont deux sont prédominants sur le troisième.

Ce triangle permet de dégager trois processus distincts selon les axes privilégiés. Lorsque l’axe Savoir/Enseignant est prédominant dans la situation pédagogique, on se situe dans le processus enseigner, le professeur dialogue avec le savoir et l’élève/apprenant est renvoyé à ce que Jean Houssaye nomme la place du mort. Lorsque l’axe Enseignant/Élève prédomine dans la situation, on se situe dans le processus former, ici c’est le savoir qui est mis à la place du mort. Lorsque l’axe Élève/Savoir prédomine, on se situe dans le processus apprendre et l’enseignant ou le formateur est renvoyé à la place du mort.

Le mort dont il est question est le mort du jeu de bridge, précise Houssaye. « Autrement dit, ses cartes sont étalées sur la table et on le fait jouer plus qu’il ne joue. Mais son rôle est indispensable car sans lui, il n’y a plus de jeu. On ne peut s’en passer, mais il ne peut jouer qu’en mineur, sa place étant assignée, définie et déroulée par les autres, véritables sujets de la situation. » Chaque processus lorsqu’il est exacerbé risque de voir le mort jouer au fou: chahut et autres formes de rébellion des élèves dans le processus enseigner ; errances et séduction dans le processus former ; solitude et abandon dans le processus apprendre.


Références :


4. Courants classés en fonction des types de situation d’enseignement

Toute activité d’enseignement propose une situation choisie par l’enseignant. Soit un ensemble de circonstances existentielles dans lequel se trouve impliqué chaque élève et auxquelles il donne des significations personnelles.

Ces situations émanent toutes d’une recherche en éducation conduite au plus proche du terrain scolaire. Elles ont été découvertes, inventées, créées, éprouvées non pas en laboratoire, mais dans les laboratoires vivants que sont les écoles.

  • Situations de cours frontaux : cours ou moment ex-cathedra,

  • Situations larges confrontant à des problèmes : projet individuel, projet collectif, projet coopératif.

  • Situations confrontant à des problèmes programmés : situations-problèmes, problèmes ouverts, problèmes sans question, démarches d’auto-socio-construction, enquête.

  • Situations de jeux : jeu libre, jeu symbolique, jeu de rôle, jeu de simulation, jeux sociaux.

  • Situations de régulation de la vie et du travail scolaire : Quoi de neuf, conseil de classe, conseil d’école, conseil méthodologique. Ou situations provoquées par de petits outils du type «Ca va, ça va pas».

  • Situations d’évaluation : séance d’évaluation portant sur ses avancées personnelles (tests variés, entretiens d’explicitation, séances portfolio, bilans collectifs suivant les situations, mais aussi évaluation des dispositifs, des tâches, des situations elles-mêmes.

  • Situations de travail par contrat : plan de semaine, plan de travail, contrat de travail, plus ou moins individuels ou collectifs.

  • Situations de réflexion meta : conseil méthodologique, réunion d’analyse des processus d’apprentissage, etc.

  • Situations de découverte : centres d’intérêts, visites de musées, d’exposition, rencontre avec des artisans, des artistes, des pratiques sociales ;

  • Situations de recherches : enquêtes, consultation de ressources.

  • Situations de travail en ateliers : ateliers d’écriture, de peinture, d’art plastique, de musique.

  • Situation de travail avec les Médias, images et technologies numériques.