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Episode 4: Quelle école aujourd'hui ?

Expérience personnelle

Tout petit enfant, mon entrée à l’école m’a fait découvrir un lieu qui ne me convenait pas. Un lieu qui me coupait de tout ce que j’aimais, en refermant derrière moi, après l’heure marquée d’une sonnerie stridente, deux énormes portes noires, gigantesques à mes yeux.

Non, jamais on ne m’a tapé sur les doigts avec une règle, jamais on ne m’a fait porter de bonnet d’âne… et pourtant je pense pouvoir dire que j’ai souffert de l’école.
ENNUI mortel, est le souvenir qui m’en reste. Outre une image extrêmement négative de moi-même que je mettrai de très nombreuses années à « rafistoler », jamais totalement.

Dès l’heure de la sortie pourtant, la vie reprenait. Celle d’un enfant joyeux, passionné, curieux.

Un jour, au beau milieu de ma scolarité secondaire, à la suite d’un événement qui m’avait particulièrement déplu, choqué, j’annonce à mes parents:
« Je ne remettrai jamais plus les pieds dans une école ! »
Et au bout d’une semaine de refus obstinés de ma part, voyant qu’ils n’arriveraient pas à me faire changer d’avis, ils m’inscrivent au Centre National de Télé Enseignement (Le CNTE devenu depuis le CNED - Centre National d’Enseignement à Distance). OUF! L’école était pour moi : Un lieu de non-vie.

Toutefois, on ne tient pas toujours ses promesses. Je remettrai les pieds dans une école, puisque je devins en fait enseignant en 1969. Je pense pouvoir dire aujourd’hui que ma carrière d’enseignant a commencé à l’âge de 13 ans par une colère de jeune adolescent.

Devenu adulte et professionnel, du jour où je commence avec “ma classe, mes élèves”, la vie s’accélère, le temps passe trop vite. J’ai la chance de travailler 4 ans dans une école avec un directeur qui, avec beaucoup de professionnalisme et d’humanité, m’accompagne dans mon envie de faire de ma classe un lieu d’apprentissage certes, mais aussi un lieu de vie. Une autre chance se présente ensuite, celle de créer avec une équipe notre propre école de pédagogie active en 1972.
Plus tard, je serai appelé à participer à la création et à l’accompagnement de plusieurs autres écoles et à diriger un institut de formation pédagogique.
Aujourd’hui, je peux dire que j’ai vécu ma vie de pédagogue avec passion. Une vie professionnelle qui n’a eu de cesse de me mettre dans des situations où je devais réfléchir, chercher des réponses nouvelles, remettre en question mes convictions, puiser dans les expériences de nombreux autres pédagogues, investiguer des pistes diverses.
Parmi ces pistes, certaines proposent des solutions alternatives radicales. Celles du « home schooling » par exemple ou encore de « l’unschooling » ou du « non schooling », ou encore celles inspirées de l’école « Sudbury Valley School » (https://sudburyvalley.org/) comme « l’école démocratique de Genève » (https://ecole-vivante.ch/).
Si ces pistes présentent sans aucun doute beaucoup d’intérêt, comme on peut le mesurer dans quelques documents qui leur ont été consacrées tel les films « Alphabet » (Réalisateur Erwin Wagenhofer - 2013) ou « Etre et devenir » (Réalisatrice Clara Bellar - 2014), « En quête de sens » (Marc de la Ménardière et Nathanaël Coste janvier 2015) elles ne représentent bien sûr pas toutes les alternatives possibles et laissent la place à une « autre école ».
Une école bien différente de celle que j’ai vécue douloureusement et qui m’a laissé des « séquelles » dont je ne me suis peut-être jamais complètement débarrassé.

Prochain épisode " Alors quelle école aujourd’hui? “ le 25.11.2019